À qui cela arrivait de se balader dans la forêt et de marcher sur une vieille cassette audio cachée sous les feuilles mortes ? Sans doute à personne. Mais s’il y avait bien une personne qui vivait ce genre de choses inattendues au quotidien, c’était bien Vanya. Ce jour-là, le soleil avait percé les nuages automnaux, permettant enfin à la jeune brune de quitter sa tanière. Elle aimait l’automne, elle l’aimait simplement encore plus lorsque l’astre brûlant s’invitait.
Ce samedi, elle avait décidé d’une balade en forêt pour s’aérer l’esprit. Elle faisait le plein d’inspiration, de couleurs, de sons et de formes. Ses peintures prenaient bien plus facilement vie lorsqu’elle s’autorisait ces sorties. Et c’est alors qu’elle passait sa main sur le tronc d’un chêne sans aucun doute centenaire qu’elle entendit un craquement. Elle ne reconnaissait pas le bruit significatif des branches sous ses pieds ; quelque chose de pas naturel était caché là-dessus. Elle se pencha en apercevant les rayons du soleil se reflétait sur une surface transparente et la prit entre ses doigts.
Vanya fronça les sourcils en l’observant. Une cassette ? Cela faisait bien longtemps qu’elle n’en écoutait plus, remplacées par son indispensable smartphone et ses playlists de vingt heures. Elle l’étudia un instant : la boîte avait craqué sous son poids, laissant des fissures de part et d’autre. Quand elle l’ouvrit, elle manqua de s’enfoncer un morceau de plastique dans le doigt. La cassette, elle, était complètement intacte. Sur l’étiquette, une phrase en latin était écrite. Elle se promit de chercher sa traduction en rentrant.
Ce fut donc ce qu’elle fit lorsqu’elle fut remontée dans sa chambre. Sa balade avait été écourtée par sa découverte. Impatiente, Vanya n’avait pu attendre plus longtemps pour résoudre les mystères autour de cet objet. Elle commença par la phrase sur l’étiquette. Elle commençait à s’effacer et n’avait pas l’air d’avoir été écrite au stylo bille. Peut-être à la plume ?
Tu autem in inferno.
Google lui disait que cela signifiait : tu appartiens à l’enfer. D’ordinaire, Vanya n’était pas superstitieuse et encore moins croyante. Cependant, cette phrase résonnait étrangement dans son esprit. Un frisson la parcourue et elle enfila sa robe de chambre pour palier ce désagrément. Elle souhaitait désormais écouter ce qu’il se trouvait sur ce carré de plastique. Le seul moyen qui s’offrait à elle était de monter dans la vieille voiture accidentée de sa mère. Elle était certaine que le radio-cassette fonctionnait toujours. Décidée, elle mis l’objet dans sa poche et se rendit au garage.
Lorsque Vanya mit le contact et inséra la cassette dans l’appareil, elle sentit le froid mordre un peu plus sa peau. Remontant son vêtement sur son menton, elle appuya sur le bouton de lecture et patienta. Un grésillement sortit des enceintes puis une voix caverneuse. Elle ne comprenait pas ce qu’elle disait, mais elle percevait une musique de fond. Un vieux morceau de musette, peut-être. Elle releva la tête, patientant encore, s’attendant à entendre plus précisément les paroles, quand soudain, elle vit un reflet dans le pare-brise. Les battements de son cœur redoublèrent d’intensité et elle se retourna brusquement.
Personne. Elle était pourtant certaine d’avoir aperçu une forme de visage. Elle secoua la tête et se concentra de nouveau sur la cassette. Quand elle soupira, elle se rendit compte à quel point la température avait baissé : elle crachait des volutes de fumée blanche. Quelque chose clochait.
— Tu ne me vois pas ?
Vanya s’immobilisa. Elle regarda autour d’elle : personne. Cette voix venait-elle de la cassette ? Elle revint quelques secondes en arrière, mais n’entendit pas la voix. Juste cette musique de fond grésillante et ces mots incompréhensibles. Fatiguée, elle éjecta la cassette du lecteur et quitta posa ses yeux sur la phrase. Tu appartiens à l’enfer. Qu’est-ce que cela signifiait ? Était-ce un jeu ? Elle haussa les épaules et quitta la voiture. Elle n’aura donc aucune réponse ce soir.
Texte écrit lors d’une panne d’inspiration. Jamais terminé.